Une initiative trompeuse et dangereuse
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Une initiative trompeuse et dangereuse


Le souverain s’est prononcé le dimanche 12 mars. La majorité des Genevoises et des Genevois a dit «non» à la gauche qui appelait à surtaxer les entrepreneurs, créateurs d’emplois percevant des dividendes de leur PME. On peut certes s’en réjouir, mais pas s’en prévaloir. Car, si vous avez été choqués par l’IN 179, vous ne pourrez qu’être sidérés par l’IN 185 «pour une contribution temporaire de solidarité sur les grandes fortunes».


Sortir des crises sanitaire, sociale, économique et climatique implique une intervention massive de l’État dans différents domaines. C’est une évidence et c’est exactement le cas dans notre canton qui, ces trois dernières années, a soutenu sa population et les entreprises à hauteur de plus d’un milliard de francs supplémentaires dans le contexte des crises successives traversées. Quant aux défis à venir, l’État a également prévu un plan décennal d’investissement de plus de 11 milliards de francs pour répondre aux enjeux environnementaux, écologiques et numériques notamment. Genève n’a pas besoin de revenus fiscaux additionnels pour remplir sa mission et ses objectifs. Entre 1990 et 2021, soit une période durant laquelle la population genevoise a augmenté d’un tiers environ, nos recettes fiscales ont bondi de 147%.

Grâce aux revenus fiscaux d’un petit nombre d’assujettis, nous corrigeons les inégalités et luttons contre la pauvreté.

N’en déplaise à la gauche, notre fiscalité permet aujourd’hui déjà de répondre efficacement aux besoins de la collectivité et d’assurer le rôle redistributif de l’impôt, en tant qu’outil indispensable pour mener à bien nos objectifs en matière de solidarité.  Par exemple, le montant prélevé sur 1% des contribuables concernés par l’impôt sur la fortune couvre aujourd’hui bien plus que l’intégralité des 562 millions de francs de subsides d’assurances maladie versés chaque année par l’État. Grâce aux revenus fiscaux d’un petit nombre d’assujettis, nous corrigeons les inégalités et luttons contre la pauvreté.

Contrairement à ce que prétend son libellé, la contribution «temporaire» est en réalité permanente

Les contribuables imposés sur la fortune à Genève ont conscience d’être taxés beaucoup plus lourdement que partout ailleurs en Suisse. Ils acceptent cette réalité. Ils sont même prêts à payer davantage en valeur absolue si leur fortune augmente. Mais certainement pas autant que ce que prévoit l’IN 185 soumise à votation le 18 juin prochain. Car, contrairement à ce que prétend son libellé, la contribution «temporaire» est en réalité permanente puisque cette initiative fait voler en éclats le bouclier fiscal pourtant voté par le peuple en 2011 pour empêcher une imposition confiscatoire.

L’impôt est une chance pour toutes et tous, pas la sanction d’un petit nombre

À trop vouloir taxer, on finit par pousser les contribuables par la fenêtre, et l’IN 185 se propose de leur faire la courte échelle! Parmi les victimes de cette initiative: les PME genevoises. Les fleurons de notre économie qui créent des emplois seront indirectement touchés. Il est irresponsable de vider les poches de nos entrepreneuses et entrepreneurs sous le couvert d’une nécessité dogmatique et idéologique qui s’acharne à prendre toujours plus aux plus riches. L’impôt est une chance pour toutes et tous, pas la sanction d’un petit nombre. Pour garantir nos recettes fiscales et préserver notre État social, il nous faut combattre avec force cette initiative.